Marie BLANCHARDON
Journaliste-pigiste, je suis curieuse du monde qui m’entoure. Je vis ma vie au fil de mes rencontres qui m’enrichissent un peu plus chaque jour. Passionnée de théâtre et d’art de rue, depuis ma plus tendre enfance, j’ai eu l’occasion de m’embarquer avec plaisir dans la vie de plusieurs troupes de théâtre amateur. Mais aujourd’hui, c’est en spectatrice que je profite de la vie culturelle rémoise en étant notamment une spectatrice fidèle de Méli’môme.

 

Le 30 Avril 2020,

Lettre à toi mon inconnu(e) que j’aime déjà…

J’ai le temps de penser, de rêver à toi en ce temps de confinement… La vie sociale s’est tarie, et je peux me consacrer à imaginer et rêver nos (re)trouvailles. Certains me demandent comment tu te prénommes, je ne le sais pas moi-même… Je sais juste que j’ai hâte, hâte de te rencontrer, de te serrer tout contre moi.

Et ce sera le cas, d’ici quelques mois, quand toute cette vague de peur sera, je l’espère, dernière nous. Surtout prends ton temps, reste bien au chaud, là où tu es. Tu ne serais pas mieux ailleurs de toute façon. Là où tu hibernes, tu as tout ce qu’il te faut. Même, si je l’avoue j’ai hâte de te prendre dans mes bras, de découvrir tes mille regards, tes moues, tes sourires… Les quelques clichés de profil, en noir et blanc, avec tes mains, tes bras qui sont cachés dans ma table de nuit… Parfois, cela ne me suffit plus. Mais c’est mon rôle de t’attendre, et toujours avec patience. Ah, la patience, une qualité dont je manque cruellement. Mais ton confinement est nécessaire, et même vital. C’est un confinement d’amour.

Et puis tu es là, à chaque instant, quand je pars en reportage, je t’emmène avec moi, tu profites de toutes mes conversations, de tous mes accès de colère ou de joie mais aussi de mes mots doux… Et de mes caresses, même si plusieurs strates nous séparent l’un de l’autre. Heureusement, il y a ce ressenti incessant et pas des moindres. Tu te bats toi aussi, contre je ne sais quoi : coups de pied, coups de poings, tu t’en donnes à cœur joie, ça remue en moi, tu t’éveilles chaque jour davantage.

Et chaque soir, en me couchant, je me demande quel avenir tu auras dans ce monde bien chaotique, quel sera ton caractère, de quelle manière tu vas m’épater et retrousser tes manches pour avancer tant bien que mal. Et puis tu sais, je ne suis pas la seule à t’attendre, tes frères qui vivent aussi ce confinement, s’amusent à te trouver des prénoms, des surnoms… Ils imaginent leurs futures bagarres à trois. Mais il leur faudra patienter jusqu’à la fin de l’été.

D’ici là, on pense tous à toi, continue de grandir, de t’éveiller au monde qui t’entoure.

Quant à la suite, on sera là, et plus fort que jamais tous les cinq, avec toi notre inconnu(e) qu’on aime déjà tant.

Marie Blanchardon

 

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