LE CELLIER a éprouvé le besoin de nous écrire une seconde lettre.
Après son hivernage forcé au printemps et ses 2 mois d’endormissement, il est heureux de sortir de sa torpeur.
Quoi de mieux que de le dire à travers les mots.
LE CELLIER revit, il respire à nouveau et se débrouille très bien avec l’écriture…

 

À vous qui me fréquentez, c’est encore la vieille peau

Je m’étais habitué au silence, au calme propice à la méditation
J’appréciais le ronflement rassurant de l’air pulsé
J’observais l’absence de vie en moi avec détachement
J’avais bien compris qu’il se passait quelque chose de pas commun dehors

Je les ai vus revenir en catimini
D’abord un pour une réunion de gens par l’ordinateur
Puis un autre qui met les watts tranquille dans Miquel
Et puis timidement deux par deux loin l’un de l’autre

Et alors tout d’un coup sans même prévenir
Ils sont tous revenus excités comme des puces
Masqués gantés sentant le gel alcoolique
Mais riant de se retrouver heureux de revenir

Bon il n’y a qu’au deuxième où c’est encore vide
Ils doivent se demander s’ils ont le droit de venir travailler
Ils ont peut-être perdu l’habitude
Moi je les attends, de toute façon c’est propre

J’ai entendu que les gens ne viendraient pas avant l’automne
Ça fait loin mais j’ai l’impression que ça rassure tout le monde
Du coup on me soigne, on m’aère, on m’allège, on m’épouille
On me fait beau, de toute façon j’ai pas vraiment mon mot à dire

Ça me fait du bien de voir les copains,
C’est pas tout à fait comme avant mais on fait semblant
Je vois bien que c’est dur pour eux de pas se toucher
Mais en tout cas leurs mains sont propres, toujours à se les laver

J’ai bien pensé à vous pendant le grand silence
Mais je suis de retour la ruche recommence à bourdonner
Et vu comment on me brique, quand ça va recommencer
Il y aura de quoi étancher la soif de tout le monde

Voilà, la vie reprend mais faites gaffe, sortez masqués
Je compte bien vous revoir

C’était pour dire que moi ça va merci, foi de vieille peau

Signé
Le Cellier

 

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