Sandrine HUMBERT est professeure des écoles et maman de trois adolescents, fervents spectateurs du festival Méli’môme depuis leur tendre enfance.

 

Chère Rachel,

Ce soir, c’est le dernier jour de confinement…

Nous venons de vivre un moment inédit, historique qui nous aura tous embarqué sur le même bateau. Mais toi, comment l’as-tu vécu ?

Avec le confinement, nous avons cessé de courir après le temps pour vivre à notre rythme centrer sur nos besoins fondamentaux de protection. Dès le premier jour, nous étions tous réunis sous le même toit pour braver cette tempête ! Et notre maison est devenue une terre d’asile dans cet “exil” comme l’album “Tempête” de Claude Ponti qui a quelques similitudes avec notre vie et celle de Clarisse la petite souris. Le danger du COVID-19 est symbolisé par la tempête qui rugit dehors et représente un danger permanent. Le confinement est symbolisé par le lit bateau garant de la sécurité affective et physique où se réfugient le papa, la maman et Clarisse ainsi que les provisions. Le dénouement est heureux puisque malgré le fait que la maison s’envole, la petite famille dérive sur une mer calme avec une prise de décision positive de la maman qui décide de ne pas retourner à l’ordre initial mais de profiter de cet événement pour partir en voyage, à l’aventure. Une belle histoire à raconter aux enfants pour mettre à distance toutes les angoisses vécues en famille et l’incertitude du lendemain.

Je voudrais te confier que nous avons aimé ce temps suspendu, apprécié le silence, goûté la quiétude des journées ensoleillées, contemplé la métamorphose du jardin, écouté le chant des oiseaux. Nous avons renoué avec les saveurs simples de la vie : cuisiner et jouer ensemble, lire, partager des idées, animer des débats, jardiner, se retrouver en famille ou entre amis via le numérique.

Bien sûr, nous avons eu peur, nous avons éprouvé de nombreuses émotions, des sentiments ambivalents et de la compassion pour le dévouement de toutes ces femmes et hommes qui ont œuvré sans relâche pour soigner, accompagner tant de personnes en souffrance.

Néanmoins, nous avons privilégié ce temps imposé et ressenti comme un temps libre pour méditer, créer, prendre soin de nous…

Nos journées ont été rythmées aussi par le télétravail : une nouveauté pour tous ! Pour ma part, j’ai dû apprendre à inverser le cheminement avec les familles, construire pas à pas une co-éducation à distance. Je suis heureuse de cette expérience qui j’en suis sûre aura été une opportunité d’éclairer la vision des familles sur l’école.

Aujourd’hui, nous sentons au plus profond de nous cet appel à affirmer nos choix, à devenir cocréateurs d’un monde solidaire dans l’entraide et la coopération. Nous avons pris conscience de notre interdépendance et de notre besoin fondamental de nous sentir reliés les uns aux autres. Nous éprouvons beaucoup de gratitude envers les élans solidaires, la créativité dont chacun a fait preuve pour vivre cette transition. Nous nous sommes sentis entourés, soutenus, portés malgré l’éloignement, l’absence physique. Nous espérons que demain et les semaines qui vont suivre nous permettront de garder cette paix intérieure, cet ancrage qui nous donne la force de notre humanisme et l’audace d’être en symbiose avec notre mission, notre passion, notre vocation et notre profession.

Si le secret c’était de prendre le temps de vivre en toute conscience du moment présent ?

Ce confinement nous a donné du temps pour réfléchir aux changements que chacun de nous peut porter et incarner.

L’avenir c’est ce que nous allons faire !

Nous t’embrassons et pensons fort à toi.

Sandrine Humbert

 

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