Jean-Pierre DULIN est musicien de jazz, il a participé à la grande aventure de RAMODAL et à l’enchantement artistique de nombreux bébés en France et dans le Monde.
Aujourd’hui dans la Compagnie TAFFTAS, il était programmé dans Méli’môme 2020.
Il reviendra à l’automne avec “ENTRE 2 NOTES”, un petit bijou pour les bébés et la famille.
Jean-Pierre vit en Touraine.

À mon fils Marius « bibi »,

Il est 11h et tu dors encore… forcément tu as 16 ans.
Tu es en haut, dans ta chambre, au fond de ton lit que tu t’évertues à transformer tous les jours en une sorte de cocon chaotique dont tu t’extirpes difficilement, mais néanmoins avec une certaine forme d’insouciance et de bienveillance.
En ce temps où les jours ressemblent à des dimanches…. Je t’envie.
Bien sûr, je suis conscient que cet état des choses te pèse, le manque de relation sociale avec tes amis, tes sorties, tes projets, mais tu fais comme si rien n’était, tu as cette légèreté, cette douceur qui rassérènent.
Ce huis clos si particulier nous oblige à nous observer davantage. Nos frustrations d’abord face à la situation, puis cette adaptation qui oscille entre l’attente d’un « je-ne-sais-quoi », d’un regain d’énergie, et le vide aussi confortable qu’un canapé.
Oh bien sûr, tu les vois, les changements de ce monde, les perspectives étayées par les uns et les autres sur des sables si mouvants, qui n’ont pas lieu de nous rassurer.
J’aimerais te dire que le monde de demain sera meilleur que celui d’hier.
J’aimerais te dire que nous arrêterons cette course mortifère au rendement, à l’exploitation outrancière, aux profits aveugles.
J’aimerais te dire que nous prendrons soin des autres comme de nous-mêmes.
J’aimerais te dire que nous serons encore plus libres, de chanter, de danser, de nous aimer qu’avant.
J’aimerais te dire que demain nous pourrons… Mais je n’ai pas de réponses.
Alors faisons du mieux que l’on peut, laissons nos esprits librement rêver, toi à tes voyages sans masques, tes espoirs de fortune, tes poèmes truculents, ton rap, ta trompette, moi à mes notes de sax et mes bébés spectateurs.
Soyons curieux du petit monde qui est là, prenons soin de lui, des gens qu’on aime, des autres, des arbres du jardin, des fleurs et même de ces petits moineaux au piaillement si particulier « biiiibiiii » dont, il y a longtemps, je t’en ai affublé le nom affectueusement.
Croire en nos forces, en nos espoirs pour les partager, les diluer, dans la tendresse d’un monde fragile.
Ah j’oubliais… demain c’est dimanche… Je t’envie.
Avec tout mon amour.

Papa

 

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