Guillaume FLATET a été très longtemps journaliste, notamment au Journal L’Union.
Il a beaucoup couvert Méli’môme et l’ensemble des projets de Nova Villa.
Il s’est reconverti en professeur de lettres modernes, il enseigne au collège Jeanne d’Arc à Reims.
C’est un partenaire des actions artistiques menées par Nova Villa.

Reims, le lundi 25 mai 2020

Chers élèves

Quelle grande histoire que celle du festival Méli’môme ! J’ai connu ce rendez-vous quand j’étais journaliste, je présentais et couvrais les spectacles, j’y emmenais mes enfants, pour plein de sensations, de rencontres d’auteurs, de metteurs en scène, pour vivre quelques instants avec tous ceux qui enrichissent l’imaginaire des bébés, des enfants, des ados et j’ai envie de vous dire aussi des adultes qui, sur certains spectacles, en prennent “plein la tronche”.

Si je vous écris aujourd’hui pour vous parler de ce festival, c’est que pour la première fois depuis que je le connais, je n’y suis pas allé. Personne d’ailleurs n’a pu assister aux spectacles, surtout pas vous, pour qui j’avais pourtant réservé des places, comme je le fais depuis trois ans que j’enseigne.

Car après ma reconversion comme prof de lettres, j’ai tout de suite pensé à l’association Nova Villa pour enrichir le projet éducatif, artistique et culturel du collège. Rappelez-vous, chers élèves de 3e, il y a deux ans, nous sommes allés voir “Georges et les dragons”. Et vous, chers élèves de 4e, vous souvenez-vous de “Jimmy et ses sœurs” ? Vous aviez écouté la lecture de la pièce et rencontré l’auteur en octobre, avant de voir le spectacle à Méli’môme. Ou encore “La migration des canards” à la Comédie ? Ah oui, celui-là, il n’est pas bien passé, trop “bizarre” avec les chaises suspendues ?

Il en va ainsi des impressions, des ressentis sur ces spectacles, dont on discute en classe, sur lesquels vous travaillez. Le spectacle vivant, c’est un trésor pour les jeunes, un apprentissage tellement important pour compléter ce que vous apprennent vos parents et vos profs. Le confinement, en nous privant de Méli’môme, nous a privés aussi de cette richesse.

Notamment, chers 3e, pour “Shell Shock”, un projet de “Collèges en scène” suivi par vos prédécesseurs en 2018-2019, de l’ébauche d’écriture jusqu’à la conception finale, une année émaillée de multiples rencontres avec des journalistes reporters de guerre. Des femmes surtout. Une idée d’Annabelle Sergent, metteure en scène pour la compagnie Loba, qui a demandé à Magali Mougel d’écrire l’histoire de Rebecca, reporter photo en Irak, qui se laisse séduire par une petite fille, Hayat. Mais un jour, tout bascule.
Sortant de ce chaos, elle rentre chez elle, retrouve sa petite fille juste pour son anniversaire, en n’oubliant pas, en sortant de l’aéroport, « à l’arrache » de lui acheter son cadeau tellement espéré, une ferme avec des animaux. Rebecca se retrouve chez elle, incapable de trier et d’envoyer les photos à son journal. Trop d’images lui reviennent.

Vous avez entendu la lecture, par Annabelle Sergent, de cette histoire. Vous n’avez pas vu le spectacle. Mais vous avez assez d’indications pour l’imaginer, pour le jouer ! Une seule actrice, peu de décors, très sobre, et allez-y, lancez-vous ! Voyez cette femme, reportrice de guerre oui, mais aussi maman. Oui, vous l’avez, cette image qui lui rentre dans le cerveau, qui va changer sa vie.

À vous de jouer, à vous de raconter, d’imaginer, de faire rire, de faire pleurer, de faire réfléchir. C’est ça le spectacle vivant, éducatif mais ludique, sérieux et drôle, délicieux quoi. Rendez-vous en mars 2021, je vous le promets, chers 4e et vous mes 5e qui n’avez pu voir votre premier spectacle, Nova Villa, les auteurs, les compagnies, les metteurs en scène vont tout faire, tout imaginer pour de nouveau vous faire vivre de si belles aventures.

Guillaume Flatet