Annabelle SERGENT dirige la Compagnie LOBA à ANGERS.
“P.P. les p’tits cailloux”, l’un des spectacles de sa trilogie où elle revisite les contes, a fait un tabac à REIMS et ailleurs…
Nova Villa a soutenu, ces 4 dernières années, son projet “À quoi rêvent les enfants en temps de guerre ?”, d’où sont nés les spectacles “WAYNAK” et “SHELL SHOCK”.
Annabelle avec Elsa, sa fille, ont participé le 13 juin 2019 à notre colloque au Cellier “Le football féminin, un exemple ?”.
Nova Villa attend la fin du confinement pour lui remettre “son” ITINÉRAIRE d’ARTISTE, numéro 7.

 

À toi, ma footballeuse,

Tu étais bien partie, entrainement quatre fois par semaine et match le samedi, un rêve de foot se dessinait devant tes yeux. Bien sûr il y avait eu quelques grippes en janvier qui vous avaient privées, tes copines et toi, de quelques entrainements, des soirées d’hiver tellement brumeuses que vous n’auriez même pas vu le ballon rond à moins de 50 cm, oui bien sûr il y avait eu tout cela. Mais vous aviez patienté. Après six semaines de confinement, ton corps d’enfant réclame de courir, de shooter, de vibrer, de jouer. Oui, il y a le jardin, le tour du pâté du maison, les cours de gym en ligne… et la perspective peut-être de ce stage avec Mélissa Plaza à Angers, en juillet. Ce stage vers lequel tu tends ton entrainement, encore, même si tu ne le dis pas.

Tu n’en dis pas grand-chose de ce confinement. Parce que comme moi tu pressens qu’il vaut mieux voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide, même si cette seconde perspective tu l’as en tête.

On s’accroche à nos yeux. À nos silences à nos câlins. À ce rendez-vous 18h pétantes chaque soir pour regarder ce que l‘on appelle un « long dessin animé » pour ton frère. Souvent un Miyazaki. Le Château ambulant, votre préféré, nous l’avons dans le jardin, sous le laurier, une cabane perchée, avec un étage, un parasol, les arrosoirs en guise de décoration, les dessins d’animaux sur des planches de bois. La cabane perchée, lieu de convoitise et d’imaginaire. Elle va rester, même après cela.

Nous oscillons, inscrivons dans le réel nos imaginaires, nous oscillons, nous savons opérer ce mouvement. Une oscillation. Peut-être qu’avant nous tracions des lignes droites. Que nous pensions droites.

Mais on ne va jamais droit au but. On n’est pas tous des Mbappé. On apprend à danser, à osciller, à passer au travers, comme Zidane, le Roi de l’esquive…

Tu sais ma fille, ce soir, à 18h pétantes, on glissera la vidéo Les Yeux dans les Bleus. On écoutera Aimé Jacquet, on ouvrira une perspective, encore, pour passer la vague, encore…

Je t’embrasse.

Annabelle Sergent

 

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