Maria Loreto ORTIZ GABELLA est née à Santiago du Chili en 1970.
Elle est danseuse et chorégraphe dans la Compagnie Arcane.
Fille d’exilés politiques, elle trouve refuge en France à l’âge de 5 ans, après avoir fui le coup d’état Chilien du général Pinochet.
Elle vit maintenant en région parisienne et change quotidiennement de casquette, entre mère de 2 enfants et artiste-créatrice de spectacles pour le Jeune Public.

 

“Gracias a la vida…”
J’ai tant écouté cet hymne à la vie de Violeta Parra, chanteuse et folkloriste Chilienne engagée, interprété par Mercedes Sosa durant mon enfance, je l’ai si souvent entendu chanté par ma mère accompagnée de sa guitare lors de ses nuits d’errance, qu’il est impossible de ne pas sa-luer à mon tour L’EXISTENCE.

Chère Vie,

J’ai une chance inouïe dans la vie : celle de t’aimer.

Je t’aime parce que du jour où je suis venue à toi, tu as toujours su me guider vers la lumière malgré les aléas de ma propre existence.
Tu as décidé de me mettre à l’épreuve.
Tu m’en as mis des bâtons dans les roues…
Mais je t’aime, parce que les étoiles dont tu m’as dotée accompagnent chacun de mes pas, jour après jour.

Tu t’es penchée sur mon berceau n’est-ce pas ?
Tu m’as donné LA FORCE.
Pour autant, je continuerai à t’aimer parce que ;
même après avoir été déracinée,
même après avoir subi les conséquences de la dictature de mon lointain pays,
même après m’avoir séparée de ma mère déjà tant brisée,
en choisissant la France, tu me donnais l’incroyable opportunité de devenir sa fille adoptive.
Et j’ai tout pris, à pleines dents, à pleine joie, le cœur ouvert au bonheur à venir, désireuse d’effacer de ma courte vie, les cicatrices désormais inscrites.
Sais-tu ce que c’est que d’avoir la soif de vivre ?

Alors oui, tu es faite de montagnes Russes, il faut parfois avoir le cœur bien accroché lorsque tu deviens laide et cruelle.
Est-ce pour m’endurcir que tu me mets tant de fois à l’épreuve ?
Tu m’as privée d’un père, je m’en fabrique un autre.
Tu as volé mon enfance, NOTRE ENFANCE, alors je vis, respire, me jette à corps perdu dans ma passion LA DANSE.
Bien dès fois j’ai eu peur, tu sais, de celle qui s’accroche au ventre lorsque plus jeune je voulais m’endormir.
Mais je suis tenace.
Tu vois, je ne me ploie pas, je ne céderai pas.
JE ME RELÈVE.
Comme à chaque fois.
Chaque coup porté marquera mon histoire, mais brandi en trophée je le transforme en victoire.

Allez, une dernière frappe avant de partir ;
le château de carte soigneusement édifié, protection illusoire, leurre d’une vie meilleure, tombe.
Tout s’écroule.
La chute des masques dévoile son atrocité.
J’ai mal.
Je ne vois plus rien.
Je saigne.
Enfermée durant 40 ans, tu m’as clouée au fond d’une boîte.
Elle s’ouvre enfin. Douloureusement.
ESPOIR…
Tu me débâillonnes.
Merci.
Je respire enfin.
Je n’ai plus de secret.
Je ne suis plus contrainte.
JE VIS.
JE RE-VIS !

Chère Vie, merci quand même, on oublie parfois à quel point tu es précieuse.
MERCI car tu m’as donné L’ESSENTIEL.

De tous les cadeaux de la vie, celui que tu m’offres est parfois celui qu’on attend TOUTE une vie :
Je ne suis plus seule.
Je suis entrelacée, entre-mêlée à celui qui depuis bien longtemps marche à mes côtés à la lueur des étoiles que tu m’as donné.
Avec un grand A nous écrivons tout serrés NOTRE vie, nous semons deux précieuses petites vies et des rires à l’infini…

Je regarde l’avenir, je suis prête à l’accueillir avec mon plus beau sourire.

CHÈRE VIE
GRACIAS A LA VIDA
JE T’AIME

Maria Loreto

 

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